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Kodjo, le 'King du Passing Clouds ressuscite Bella Bellow
Un samedi soir avec Afrospot
Après avoir roulé sa basse en Europe en Allemagne notamment, lentement mais sûrement, il est en train de se faire un nom dans le ghotta de la musique africaine à Londres. Son secret ? Reprendre ‘ live’ des anciens succès qui ont fait swinger naguère les Africains, pour le bonheur d’un public qui en redemande. « Je veux que la culture africaine soit respectée » martèle-t-il à qui veut l’entendre. Son nom ? Kodjovi alias Kush. Son groupe ? L’Afrospot. Son cadre ? Le Passing Cloud sis à Hackney, un local qui au départ ne payait pas de mine mais qui désormais, refuse du monde chaque dernier samedi du mois. En effet ils sont désormais de plus en plus nombreux à venir écouter ‘Kush’ et son groupe, le Afrospot dont les sonorités ont fini par accrocher. Il suffit de voir le public s'amuser pour s'en convaincre. Le Passing Clouds, lentement mais sûrement est en train de se tailler une bonne réputation auprès des mélomanes dans l'univers de l'Underground music. Nous avons rencontré celui grâce à qui cette métamorphose musicale est en train de s'opérer et Kodjo nous livre en vrac ses sentiments. C’était dans un grenier, tout à fait au top du local qui abrite le club
"Je m’appelle Kodjovi Kush. Je suis Togolais, je fais de la musique, ne produis, j’arrange et je fais des concerts africains" nous lance-t-il d'entrée de jeu
Je suis ce soir à un gig à Passing Clouds, un club underground très in dans la commune de Hackney. C’est une soirée exclusivement africaine où nous venons d’assister à une superbe prestation de votre groupe Afrospot. Premièrement pourquoi Afrospot ?
Afrospot parce que on doit mettre le spotlight sur l’Afrique et précisément sur la musique africaine. En tant que Togolais, je commence par le Togo, charité bien ordonnée. Et après on va faire d’autres albums en collaboration avec les musiciens africains vivant ici à Londres. Donc Afrospot c’est une plateforme qui représente toute la musique ou en un mot la culture africaine. On a la chance que nous avons quand même établi ce club, ce lieu appelé Passing Clouds qui est en train de promouvoir la musique africaine parce que j’aimerais que la culture africaine soit respectée ici à Londres et dans toute l’Europe.
Pouvez-nous faire l’historique d’Afrospot ?
Afrospot a commencé il y a cinq ans. C’est parti du fait que j’avais trop joué en tant que session musician. Je faisais beaucoup de séances de studio pour les autres artistes comme Gregory Isaacs pour qui j’ai d’ailleurs produit tout un album. J’ai travaillé dans le système du reggae avec des musiciens comme Johnny Clark, Sixteen etc. donc le répertoire est assez costaud.
Vous êtes effectivement un musicien polyvalent puisque je vous ai vu à l’œuvre. Mais quand on parle de Kodjovi aujourd’hui que doit-on retenir ?
Quand on parle de Kodjovi, on parle de la musique, parce que je ne peux pas me limiter à un instrument. J’aime tout. J’aime m’exprimer avec la bass parce que je pense qu’elle me donne un feeling de vivacité. J’aime beaucoup les vibrations de la basse, mais je suis d’abord musicien. Je fais de la guitare, du piano, de la percu, de la batterie, de la trompette, la flûte etc. Afrospot s’est développé parce que les gens en parlent. Je n’ai jamais eu l’occasion de faire de grandes publicités. Tout se passe de bouche à oreille. Des gens qui assistent à nos différentes prestations font du bruit autour d’eux et l’audience s’agrandit. C’est ainsi que de fil à aiguille nous avons atteint ce niveau. Et ce n’est encore rien par rapport à ce qui arrive. J’avoue que les débuts ont été très laborieux, mais seul le hard work paie.
Maintenant que les choses évoluent dans le bon sens, à quoi doit-on s’attendre au cours de vos prochaines prestations ?
D’abord il faut que je rentre en Afrique, histoire de recharger les batteries. L’aventure dans laquelle je suis en train de m’engager est balèze et j’ai besoin de la bénédiction des parents, des ancêtres. J’ai envie de voir ce qui se passe de l’autre côté. Je veux rentrer dans la forêt, dans le bois sacré, reprendre contact avec le cosmos, mon milieu naturel et refaire un face à face avec moi-même. Ces choses me manquent. Et quand je reviens ici ce n’est plus pour rigoler.
Le passage à Passing Clouds est en train de devenir un passage obligé. Force est cependant de reconnaître que bien qu’il s’agisse d’un showcase de la musique africaine, les ¾ du public étaient composés d’occidentaux. Quel est votre avis sur ce sujet ?
A mon sens c’est une bonne chose parce que Passing Clouds est là pour ça. Passing Clouds est là pour montrer aux gens qu’on peut promouvoir la musique africaine et que la musique africaine fait danser les gens peu importe d’où ils viennent. Passing Clouds est là pour rappeler aux gens que si vous voulez écouter de la bonne musique live, si vous voulez danser et vous défouler, c’est l’endroit où il faut être, the place to be, vous aussi les Africains.
Vous avez chanté avec beaucoup de nostalgie les chansons des légendes comme Bella Bellow, Gnonnas Pedro etc. qu’est-ce que vous ressentez quand vous cherchez à rechausser les bottes de ces icônes ?
D’abord je dis que c’est des musiques qui ont bercé l’Afrique, qui ont hissé le continent à un certain niveau. J’ai donc été touché par ce genre de musique créé quand j’étais encore bébé. J’ai grandi avec ça parce que mon père était un musicien et avait créé un groupe qui s’appelait Erico Jazz à Lomé et ce groupe dont Bella Bellow faisait d’ailleurs partie avait fait toute l’Afrique. C’est pour ça que j’ai grandi avec cette musique et quand je suis arrivé en Europe, le seul moyen de me souvenir de cette période et la partager avec les gens c’est de refaire ces morceaux. Ça me donne la force, le courage et la direction et je suis content.
C’est pour ça que j’invite mes frères africains à venir partager ces moments de bonheur avec moi
Avez-vous des projets discographiques ?
Oui. Je peux annoncer en exclusivité aux lecteurs du Le Guide que le premier album de Afrospot stars sort en février 2013. Ceux de nos nombreux fans qui ont eu l’occasion d’en écouter des extraits sont très excités par ce projet. C’est un album dit-on qui va cracher du feu. Parce qu’il n’y a personne qui joue cette musique ici à Londres. Nous avons donc après nos recherches décidé de saisir le taureau par les cornes et cela semble porter. Ancien high life façon ghanéen togolais, béninois dont l’album sera le résumé. Il sera intitulé MIVADO, qui veut dire On est arrivés en langue minan. Vous avez-vous-même vu l’ambiance ici ce soir.
Nous sommes content d’avoir été là et de voir notre conviction renforcée que la musique africaine se porte bien à Londres et qu’elle continue d’attirer des masses. Un dernier mot ?
Je remercie beaucoup L e Guide du Londonien pour tout ce qu’il fait pour la culture africaine ici. Il y a longtemps que je rêvais de figurer dans cette importante publication et Dieu merci aujourd’hui c’est chose faite. Et j’espère avoir d’autres featuring dans votre mag. Ecoutez chers lecteurs. Nous de l’Afrique francophone n’avons que Le Guide pour nous Guider ici alors ne boudez pas votre plaisir. Il faut que chaque mois nous ayons au moins une édition du Guide à la maison pour nos enfants, pour nos femmes, pour nos amis pour qu’on sache que les Africains francophones ici à Londres sont en train de faire des choses. Il faut que les gens sachent que la francophonie se porte bien dans le pays des Anglais. Je reprends cette célèbre phrase de Asalfo de Magic System qui, dans l’une de vos éditions avait dit ceci : « Ne soyez pas Gaou, lisez Le Guide »